La grève des dockers à Nantes (mars-avril 1907)
Groupe de militants de gauche à droite: Yvetot, Maillochaux, Blanchard, Varnat.
Ephéméride Anarchiste
11 mai
Nicolas Joukovsky
Le 11 mai 1895, mort de Nicolas JOUKOVSKY (Nicolaij Ivanovic ZUKOVSKIJ ou JOUKOWSKY) à Genève.
Enseignant, journaliste, militant et propagandiste anarchiste, membre de "l'Alliance"(bakouniniste) et de la "Fédération jurassienne".
Il est né le 21 octobre 1833 à Oufa (Russie). Fils d’un juge de district, Nicolas Joukovsky participe à un groupe révolutionnaire russe à Pétersbourg, puis prend part à l'insurrection polonaise (1863). Arrêté, il parvient à s'enfuir et à gagner Londres où il devint correcteur au "Kolokol", le journal publié par Alexandre Herzen et Nicolas Ogarev. Il s’établit en 1864 en Suisse, à Clarens puis Genève. Il devient membre en 1868 de la société secrète créée en 1864 par Bakounine "L'Alliance de la démocratie sociale" ou "Fraternité internationale" représentant avec Walerian Mroczkowski l'élément polonais (organisation qui sera dissoute en janvier 1869).
Il est également membre de la "Ligue de la Paix et de la Liberté", mais le 21 septembre 1868 lors du 2ème Congrès de la Ligue à Berne, il fait partie avec Bakounine des 18 scissionnistes qui fonderont aussitôt "l’Alliance internationale de la Démocratie socialiste" et le Groupe genevois de l'Alliance, le 28 octobre 1868.
En 1869, il collabore au journal "Le Progrès", et se trouve mêlé à l'affaire de l'enlèvement des enfants de la princesse Zoé Obolenskaïa par les autorités russes (Maria, une des filles de la princesse qui séjournait chez lui à Champéry échappera ainsi à la séquestration). Il collabore également à la revue "Narodnoie delo" (La Cause du Peuple). Expulsé le 13 août 1870 (par les marxistes) de la Section centrale de Genève de l’Internationale (AIT), avec Bakounine, Perron et Ross. Il sera secrétaire et délégué de la Section de "l’Alliance" au congrès des sections de l'Internationale de la Fédération Romande à La Chaux de Fonds, le 4 avril 1870, puis à Saint-Imier le 9 octobre où il expose la situation économique du journal "La Solidarité", organe de la Fédération romande de l’AIT.
En octobre 1870, il se rend à Lyon où il retrouve l'internationaliste espagnol Sentiñon et ses amis Walerian Mroczkowski et la princesse Zoè, ils partent ensemble pour Marseille avec l'espoir (déçu) d'y retrouver Bakounine, mais prennent part à une éphémère Commune. De retour à Genève, il sera délégué de la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève au Congrès de Sonvilier du 12 novembre 1871, où sera fondé "La Fédération Jurassienne".
Le Congrès de La Haye en 1872, qui allait expulser Bakounine et James Guillaume de l’AIT, ne lui reconnait pas la qualité de délégué, mais il sera délégué au Congrès (antiautoritaire) de Genève de l’AIT en 1873, où il introduit le rapport sur la grève générale. La Section de propagande socialiste dont il faisait partie avec Lefrançais, Montels, Teulière, Chalain, les Thomachot publie le 20 avril "La Commune", Revue Socialiste (8 numéros jusqu’en novembre 1878) ; dès le deuxième numéro, seul le sous-titre apparait, le titre ayant été interdit. Puis la section s’éloigne de "l’Internationale" en raison de divergences personnelles. Mais Joukovsky figure parmi les fondateurs de l’imprimerie anarchiste "Le Travailleur" (Rabotnik) en 1874. Il donne (à Berne, Neuchâtel et St-Imier, etc.) avec Lefrançais des conférences sur "la propriété collective" ou "l'Etat". Le 25 juin 1876, à Lausanne, il participe à une assemblée contre l’arrestation des ouvriers Kahn et Reinsdorf. Le 3 juillet, aux funérailles de Bakounine à Berne, il intervient aux côtés de Schwitzguébel, Guillaume, Reclus, Salvioni, Brousse, Betsien. Il revient alors au sein de la Fédération jurassienne, assiste au Congrès de Berne de l’AIT en 1876 et donne des conférences dans le Jura avec Kropotkine et Reclus en 1877. Il figure aussi parmi les fondateurs du Travailleur (Revue socialiste révolutionnaire) (11 ou 12 numéros de mai 1877 à mai 1878), avec Reclus, Perron et Oelsnitz, ainsi que de "Obchtchina" (La Commune) avec Stepniak, en 1878. Le 18 mars 1881, il participe à Genève au meeting pour les dix ans de la Commune de Paris, au cours duquel est adoptée par acclamation une motion sur la récente exécution du tsar Alexandre II, par les révolutionnaires russes. Il fera un discours lors des funérailles de Walerian Mroczkowski (dit Ostroga) en octobre 1889 à Paris. Lors du 1er mai 1892, il signe avec Jules Perrier et d'autres l'appel à joindre la revendication du désarmement à celle des huit heures.
Son nom figure dans l’Album photographique des individus qui doivent être l’objet d’une surveillance spéciale aux frontières (Paris, septembre 1894). Il avait été expulsé de France par décret du 14 août 1894.
Sa femme (née Adélaïde Zinoviev) et ses deux fils annonceront son décès dans le Journal de Genève du 12 mai 1895.
Kropotkine s’en souvient comme d’un "gentilhomme très séduisant, élégant, d’une haute intelligence, qui était le favori des ouvriers… il savait enflammer les travailleurs en leur montrant le grand rôle qu’ils avaient à jouer dans la rénovation de la société, élever leurs esprits en leur exposant de hauts aperçus historiques, éclairer d’une vive lumière les problèmes économiques les plus compliqués, et électriser son auditoire par son sérieux et sa sincérité".
et Lucien Descaves : "De tous les Russes en relations avec nous, le plus sympathique était Nicolas Joukovsky. Il possédait le don de plaire et séduisait jusqu'aux enfants, qui l'appelaient leur vieux Jouk... Agé alors d'une quarantaine d'années, il avait des connaissances variées et tenait tête à quatre ou cinq contradicteurs à la fois. Toujours à la parade et à la riposte, avec de la distinction dans les manières et même une certaine élégance, il se faisait pardonner son esprit un peu voltigeant par une obligeance à toute épreuve et un coeur d'or."
Cette biographie est en partie tirée du "Chantier biographique des Anarchistes en Suisse" "Cantiere biografico degli Anarchici In Svizzera" : ici.
Charles Simon
Le 11 mai 1873, naissance de
Charles Achille SIMON (dit Biscuit, dit Ravachol II) dans le
Loiret.
Anarchiste, adepte de la "propagnande par le fait".
Jeune apprenti verrier, révolté par l'injustice lors du
procès de Decamps, Dardare et Léveillé, il
devient complice de Ravachol en
l'aidant à faire sauter l'appartement du président de
la Cour d'Assises Benoît et du
substitut Bulot.
Le 26 avril 1892, le tribunal le condamne, pour sa participation aux
attentats, aux travaux forcés à
perpétuité. Envoyé au bagne, il y retrouve
d'autres compagnons, comme l'anarchiste
Clément Duval.
Le 22 octobre 1894, faisant suite à la
"révolte des Iles du Salut",
il se réfugie dans un arbre, et est abattu par les gardiens
après avoir crié "Vive
l'anarchie".
Le 11 mai 1929, mort de
Albin CANTONE, dit ALBIN.
Propagandiste anarchiste lyonnais.
Il est né en Italie en 1888. Ouvrier métallurgiste,
réformé en 1914 en raison d'un handicap à la
main droite. Il publie de 1917 à 1918 la revue "Les Glaneurs"
puis participe ensuite à la revue "Les vagabonds" (1921-1922),
à "La Brochure
mensuelle", ou encore au
"Semeur", etc.
Il meurt à
l'âge de 41 ans des suites d'un cancer.
*
Virgilia D'Andrea vers 1926 à Paris, puis plus âgée.
Le 11 mai 1933, mort de
Virgilia D'ANDREA, à New York.
Poétesse, militante et active propagandiste de l'anarchisme et
de l'anarcho-syndicalisme italien.
Elle est née le 11 février 1890 à Sulmona
(Italie). Orpheline très jeune, elle est placée
à l'âge de 6 ans dans un collège catholique. En
rébellion contre l'institution et l'ordre social, elle
développe son intelligence en trouvant refuge dans les livres
et la poésie. En 1909 elle obtient son diplôme d'institutrice et quitte le collège religieux pour enseigner pendant quelques années dans les Abruzzes. Au début de la Première Guerre mondiale, elle fait le choix d'un engagement politique actif en prenant part à des conférences contre l'intervention de l'Italie dans la guerre impérialiste. Elle y rencontre des anarchistes et rejoint le mouvement libertaire.
En 1917, l'avocat M. Trozzi, l'accompagne à Impruneta pour rencontrer l'un des principaux représentants du mouvement anarchiste Armando
Borghi, interné pour avoir soutenu des positions anti-interventionnistes après les agitations de la "Settimana Rossa" (Semaine Rouge).
Elle devient la compagne et la collaboratrice d'Armando, qui est le secrétaire national de "l'Unione Sindacale Italiana" (U.S.I) (Union Syndicale Italienne) et le responsable de son organe de presse, l'hebdomadaire "Guerra di
classe". Elle se livre alors entièrement à la propagande, donnant des conférences dans toute la péninsule, écrivant des articles et des poèmes chargés de foi et d'amour pour l'humanité. Le 27 octobre 1920, Virgilia connaît à son tour la prison, elle doit répondre aux crimes de "conspiration contre les pouvoirs de l'État, à l'incitation à l'insurrection, à l'incitation à commettre des crimes et à l'apologie du crime". Quand le 30 décembre suivant elle sort de prison, c'est tout sauf une femme abattue et le couple peut revenir au militantisme actif et parcourir l'Italie pour y faire des tournées de conférences. Virgilia assumera seule, durant le séjour en
prison de Borghi à Isernia en 1921, la publication de "Guerra di classe" et la continuité des liens avec le mouvement. Elle devient ensuite une dirigeante éminente de l'U.S.I, d'abord à Bologne puis à Milan. Outre ses discours et conférences, elle écrit dans "Guerra di classe" et "Umanità Nova". Elle se liera d'amitié avec Errico Malatesta qui, préfacera son premier recueil de poésies "Tormento" (Milan, 1922). En mars 1922, elle participe au 4ème
congrès de l'U.S.I, où le secrétariat lui est
à nouveau confié, avec Borghi. Fin 1922 le couple est à Berlin pour participer au Congrès de la nouvelle Internationale (AIT) antiautoritaire. Le séjour à Berlin est très enrichissant, mais il marque le début de l'exil et de la maladie. En effet elle ne peut retourner en Italie parce qu'une nouvelle plainte pour "incitation criminelle" pèse sur elle après la publication de "Tormento" et en tant que militants antifascistes, ils sont menacés de mort pour leur
activités, surtout après la "marche sur Rome" des fascistes.
Après Berlin, ils se rendent à Amsterdam où ils assistent au congrès de l'AIT (1925) puis à Paris où ils vivent une période plus sereine dans le milieu de l'antifascisme. Résidant rue de Malebranche dans le Quartier Latin, elle s'inscrit à la Sorbonne et fonde la revue "Veglia" dont 8 numéros sortiront entre mai 1926 et novembre 1927, elle y soutient Sacco et Vanzetti : "Veglia" veut être "la revue de tous les anarchistes, il est proposé de travailler pour une union spirituelle solide entre nous, une union si nécessaire pour la défense de l'essence vitale de l'anarchisme".
En 1928, elle quitte Paris pour rejoindre les Etats-Unis où elle retrouve Armando qui s'y est installé depuis 1926. Virgilia, bonne
conférencière, participe avec son compagnon à
des meetings et collabore au journal anarchiste
"L'Adunata dei Refratari". En 1932, elle écrit à Malatesta : "Je continue à travailler, même si la santé reste très délicate". Elle subit la même année une première opération chirurgicale pour une atteinte cancereuse, mais poursuit l'écriture de son dernier livre "Torce nella Notte"(Torche dans la nuit), New York, 1933. Hôspitalisée le 1er mai 1933, elle n'a
que 45 ans, lorsque elle meurt ce 11 mai à l'hôpital de la 5ème avenue de Manhattan.
Outre les ouvrages déjà cités elle nous laisse aussi "L’ora di Maramaldo" (Paris, 1925) et les collections posthumes de ses conférences "Chi siamo e cosa vogliamo/ Patria e religione" (Qui sommes nous et que voulons nous / Patrie et religion), Newark, 1947, et "Richiamo all’anarchia"(Appel à l'anarchie), Cesena, 1965.
Georges Yvetot en 1907
Le 11 mai 1942, mort de
Georges YVETOT à Paris.
Militant anarchiste et syndicaliste, antipatriote et
antimilitariste.
Fils d'un gendarme, il naît à Paris le 20 juillet 1868;
devenu orphelin il est placé dans une institution religieuse.
Il devient ensuite ouvrier typographe puis correcteur. Sa rencontre
avec Fernand Pelloutier l'amène
à l'anarchisme et au syndicalisme. Il lui succède en
1901 au Secrétariat de la "Fédération des
Bourses du Travail" et comme secrétaire de la C.G.T de 1902
à 1918. Orateur de talent, propagandiste antipatriote et
antimilitariste inscrit au Carnet B,
il est de nombreuses fois condamné à plusieurs
années de prison pour incitation de soldats à la
désobéissance (affaire du "Sou du soldat" ou encore
avec la publication du "Manuel du soldat"), etc.
En 1904, il est l'un des secrétaires de
"l'Association Internationale
Antimilitariste". Partisan de la totale indépendance du
syndicalisme, il contribuera en 1906 à l'adoption de la
célèbre "Charte
d'Amiens". Il poursuit son action contre la guerre et le
militarisme jusqu'en 1914 mais, écoeuré par l'union
sacrée, il préfère alors s'occuper d'une
association d'orphelins de guerre. En 1918, il perd son poste
syndical, et se consacre au pacifisme. Durant l'entre deux guerre, il
collabore à de nombreux périodiques anarchistes. En
1939, il signe le tract "Paix immédiate" de Louis Lecoin et
est à nouveau condamné.
Il ne subira pas sa peine de prison en raison de son état de
santé et, ayant perdu son emploi, se retrouve dans la
misère. Il accepte alors pour subsister de présider un
"Comité ouvrier de secours immédiats" chapeauté
par les Allemands. Ce compromis, qui le place dans le camp des
collaborateurs, lui sera fortement reproché, malgré une
vie militante bien remplie.
Emil Hoëdel
(gravure de S.T dans le journal "Le Voleur" du 19 juillet 1878)
Le 11 mai 1878, à
Berlin. L'anarchiste allemand Emil
Heinrich Maximilian HOEDEL, jeune ouvrier plombier de 21 ans, arrivant de Leipzig, tire
plusieurs coups de revolver sur l'Empereur d'Allemagne Guillaume 1er et sa fille la princesse Louise de Prusse,
qui défilaient dans un landau. Mais il rate totalement sa cible, seule une personne qui s'était précipitée pour l'appréhender sera grièvement blessée et succombera à ses blessures deux jours plus tard.
Emil Hoëdel qui avait été membre du Parti Social Démocrate avant de s'en faire exclure dans les années 1870 et de se rallier aux idées anarchistes, entendait ainsi protester
par cet attentat sur la personne de l'Empereur, contre les conditions misérables de la classe ouvrière. Il accueillera sa
condamnation à mort par le cri de
"Vive la Commune". Il sera
décapité le 16
août 1878.
En-tête du premier numéro
Le 11 mai 1895, à Saragosse (Aragon), sortie du premier numéro du journal "El Eco del Rebelde" (L'Écho du Rebelle), Périodique Communiste Anarchiste. Ce journal dirigé par Juan Palomo, remplace en fait "El Rebelde" victime de la répression, mais il sera à son tour interdit, après quatre numéros parus (le dernier en date du 29 juillet 1895), et remplacé par "El Invencible" dont un seul numéro sortira le 27 août 1895.
En-tête du premier numéro
Le 11 mai 1898, à Lakebay (Washington), sortie du premier numéro du journal "Discontent" Mother of Progress ("Mécontentement" Mère du Progrès). Le rédacteur en chef de cet hebdomadaire est Oliver A. Verity. Le journal donne des informations sur la colonie anarchiste "Home Colony". Il suspend sa parution après le 28 juin 1899 et reparaît à Home (Washington) le 2 mai 1900. Le dernier numéro sortira le 23 avril 1902 (186 numéros publiés. Les principaux sujets traités : Home Colony, économie politique, amour libre, pacifisme, éducation, etc.
Photo d'Oliver A. Verity (vers 1900)
(Doc. Bibliothèque de l'Université de Washington)
En-tête d'un numéro spécial
En mai 1931, à
Paris, sortie du premier numéro du mensuel "La
Grande Réforme" sous-titré: Organe de la Ligue
de la Régénération humaine fondée par
Paul Robin en 1896. Culture individuelle
- Réforme de la morale sexuelle - Transformation sociale. Ce
journal néo-malthusien dirigé par
Eugène Humbert s'arrêtera
à la déclaration de guerre en août 1939 à
son centième numéro, mais reprendra après la guerre,
de 1946 à 1949, sous la direction de
Jeanne Humbert.
"(...) La grande Réforme,
c'est-à-dire la proclamation des droits égaux de
l'homme et de la femme devant l'amour et dans la vie; c'est aussi la
fin de la prolifération aveugle et sans frein, (...) et son
remplacement par la procréation consciente,
génératrice d'une humanité voulue (...). C'est
la base d'un monde nouveau."
Eugène Humbert.