l'urne et l'anarchie

Carte postale antiélectorale, dessin d'Eugène Petit
"L'Homme qui vote dépose sa volonté dans une boite afin de la reprendre
au bout de quatre ans, ... si on le lui permet.
Vive l'Anarchie!"

Ephéméride Anarchiste

9 juin 

 

Octave Jahn

Octave Jahn

Le 9 juin 1917, mort d'Octave JAHN à Mexico.
Militant et propagandiste et infatigable conférencier anarchiste.
Il est né le 10 février 1869 à Cherbourg dans une famille nombreuse et pauvre. En 1873 la famille vient s'installer à Paris où il commence sa scolarité qu'il doit interrompre à 11 ans, quand son père tombe malade. Après un apprentissage dans l'imprimerie, il trouve à 15 ans un emploi dans les Postes et Télégraphes, et participe à la première grève de ce secteur en avril 1886, bien qu'il ait déjà démissionné. Il milite dans plusieurs groupes anarchistes : "La Jeunesse anarchiste parisienne", "la Ligue des Antipropriétaires", et le "Groupe des Pieds-Plats". Le 15 juillet 1886, il est arrêté place de la République après avoir placé un drapeau noir sur la statue. Libéré le 27 juillet, il est de nouveau arrêté le 9 août 1886, alors qu’il distribuait un tract appelant à la reprise individuelle dans les grands magasins
. Il retrouve la liberté quelques jours plus tard, mais perd son emploi d'imprimeur. Son père menaçant de le placer en maison de redressement, il s'enfuit, et trouve refuge chez Séverine.
Cette même année, il participe avec Tortelier et d'autres, à la création de la "Ligue des Anti-patriotes" et prend part comme orateur à divers meetings anarchistes et antimilitaristes. Début 1887, Jahn s’investit dans la campagne de soutien à Clément Duval. Au cours d’une réunion, le 18 avril 1887, salle Pétrelle à Paris, il injurie violemment un commissaire de police. Risquant l'internement jusqu'à sa majorité il fuit à Vervier en Belgique où des compagnons du groupe "La Liberté" lui trouveront un emploi. Le 20 juin 1887, le tribunal de la Seine le condamne par contumace à 6 mois de prison pour "outrage à magistrat". Echappant à une arrestation, il fuit à nouveau à La Louvière (Belgique), où en mai, en pleine grève des mineurs il intervient à plusieurs reprises dans des meetings incitant à la révolte.
Arrêté dans la nuit du 22 mai, il est accusé d’être responsable de l’attentat qui s’était produit devant l’Hôtel du Commerce. Le 16 novembre 1887, il est condamné par la Cour d’Assises de Mons à deux ans et demi de prison pour "excitation suivie d’effets, à la destruction de propriété" et "port d’arme prohibée". Lors du procès, il utilise le tribunal comme une tribune politique justifiant la rébellion, l’utilisation de la violence et revendiquant ouvertement ses convictions anarchistes. Une campagne internationale de solidarité débute alors en sa faveur. Paul Paillette lui dédie même une chanson "Aux enfants de la nature". Libéré au printemps 1889, il part à Barcelone où il se lie avec l'anarchiste Martin Borrás et sa famille et poursuit son agitation anarchiste. Mais, recherché par la police espagnole, il préfère retourner en France. En juin 1889, brillant orateur, il débute une tournée de conférences dans diverses villes français où il partage la tribune avec Sébastien Faure.
En octobre 1889, il était avec ce dernier à Lens où les mineurs s’étaient mis en grève. Le 27 octobre 1889, il est arrêté à Paris, en vertu du jugement de juin 1887. Libéré en avril 1890, il passe devant le Conseil de Révision qui le réforme et repart en tournée de conférences à Troyes puis à Lyon. Le 30 juillet 1890, à Lyon, il est condamné à un mois de prison pour "outrage à agent et port d’arme prohibée" suite à la conférence du 21 juillet. Il participe ensuite, à Genève, à un Congrès des groupes anarchistes de l'Est avec des délégués français et suisses. Il est ensuite l’un des fondateurs du groupe "La jeunesse cosmopolite". Avec Paul Bernard et Ernest Nahon, il participa aussi à la préparation d’un congrès régional en novembre 1890, qui sera interrompu par la police qui arrêtera quelques délégués tandis que Jahn et Paul Bernard s'enfuient en Suisse. Le 22 novembre, ils seront condamnés par contumace à deux ans de prison, peine ensuite aggravée d'un an. Jahn s'intallera à Barcelone, puis à Valencia. Le 20 décembre il s'unit librement avec Concha Aixa. Il aurait accompagné Errico Malatesta et Pedro Esteve en Espagne en 1891-1892. Jahn participera à la création de deux publications à Valencia "La Cuestíon Social" (1892), et "La Controversía (1893). Mais suite à la répression en Espagne, il retourne en France. Recherché par la police, il échappe à une arrestation à Marseille, mais est finalement arrêté le 4 avril 1894 à Alger. Cumulant diverses peines de prison, il est incarcéré à la prison d’Albertville. Grâce à la loi d’amnistie du 2 février 1895, il bénéficie d’une réduction de peine, mais le 17 octobre 1895 il est de nouveau condamné à 2 ans de prison suite aux propos tenus dans deux conférences faites en août à Marseille. Libéré en septembre 1897, il se rend à Londres avant de revenir à Marseille en avril 1898. Il vit alors avec Salud Borrás (fille de Martín Borrás, mort en prison à Barcelone le 9 mai 1894, et ex-compagne de Lluis Más, fusillé le 4 mai 1897). ll intègre la rédaction du "Libertaire" quand le journal se délocalise à Marseille entre mars et juin 1898. Après une nouvelle tournée de conférences à travers la France, il s'installe à Paris collaborant au "Journal du Peuple" au moment de l'affaire Dreyfus. Toujours sujet aux persécutions policières, il se fixe en 1901 en Charente. Au printemps 1908, il part vivre au Mexique où il va travailler comme représentant pour des maisons commerciales européennes. Lors d'un passage en France, il dénonce le coup d’Etat du général Huerta, qui a renversé le démocrate Madero en février 1913, dans la revue "Les Hommes du Jour". Mais à son retour au Mexique, il doit s'enfuir en juillet 1913, au Guatemala. La chute du Général Huerta, en juillet 1914, lui permet de rentrer au Mexique. Début 1915, il intégrera durant quelques mois, comme secrétaire, l’Armée zapatiste. Il devient ensuite un membre actif de "La Casa del Obrero Mundial" de Mexico et contribuera à diffuser par la parole et l'écrit la pensée anarchiste au Mexique, prenant part à la création d'une l’Ecole Rationaliste Ferrer, inaugurée le 13 octobre 1915, et à la fondation, le 11 novembre suivant, de l’athénée ouvrière "Ciencia, Luz y Verdad".
En 1916, il est délégué par la "Casa del Obrero Mundial" à Barcelone (d'où il sera expulsé), puis à Paris, auprès du syndicat des Terrassiers et autres organisations, pour représenter le mouvement syndicaliste révolutionnaire mexicain. Il collabore alors à "CQFD". En octobre 1916, il rentre au Mexique, mais y meurt l'année suivante d’un infarctus après 48 ans d'une vie tumultueuse.

 

Helmut Rudiger en 1945

Helmut Rüdiger
en 1945

Le 9 juin 1966, mort d'Helmut RUDIGER, à Madrid.
Figure importante de l'anarcho-syndicalisme allemand, espagnol puis suédois, journaliste et théoricien du fédéralisme libertaire.
Il est né le 22 janvier1903 à Frankenberg (Saxe). Etudiant à l'Université de Leipzig, il adhère à la FAUD (anarcho-syndicaliste). Il sera fortement influencé par les ouvrages de Gustav Landauer. En 1925, il poursuit ses études à Munich et publie ses premiers articles dans "Junge Anarchisten" et "Der Syndikalist"(sa famille, désaprouvant ses opinions politiques, lui refusera son aide financière pour poursuivre ses études).
Il part ensuite à Berlin où il prend la direction éditoriale de "Der Syndikalist" et fait la connaissance d'Erich Mühsam et de Rudolf Rocker. En 1931, il est rédacteur en chef de la revue culturelle libertaire "Besinnung und Aufbruch"et donne des conférences sur l'histoire de l'art pour "la Gilde freiheitlicher Bücherfreunde" (sorte de Club du livre libertaire qui existera jusqu'en 1933). En 1932, il devient secrétaire de l'AIT antiautoritaire et fuyant le nazisme, il se fixe en Espagne en 1933. En 1936, il prend part aux combats aux côtés d'autres anarchistes allemands comme Karl EINSTEIN au sein du "Groupe International" de la Colonne Durruti.

En 1938, alors que les réalisations sociales de la CNT sont détruites par le stalinisme, il prend à nouveau la route de l'exil, Paris, puis la Suède en 1939, après la défaite finale de l'Espagne républicaine.
En Suède, il devient une des figures du mouvement anarcho-syndicaliste, et écrit dans le journal de la SAC "Arbetaren". A partir de 1949, il collabore au journal anarcho-syndicaliste allemand "Die freie Gesellschft" (la Société Libre).
Avec Albert de Jong, Arthur Lehning et Augustin Souchy, ils éditent le service de presse de la "Commission Antimilitarisme internationale".
Helmut Rüdiger a écrit de nombreux articles sous divers pseudonymes dont: Ivar Bergeren et D. Rodriguez.
Il meurt ce 9 juin 1966 d'une "crise cardiaque" dans sa chambre d'hôtel de Madrid, alors qu'il était en contact avec des anti-franquistes, avec lesquels il devait assister à une importante réunion clandestine.
Il est l'auteur de plusieurs ouvrages notamment sur la révolution espagnole, sur le fédéralisme, etc.

 

 

 

Plaque Ervin Batthyány

Plaque en hommage à Ervin Batthyány à Bögöte.

Le 9 juin 1945, mort d'Ervin BATTHYÁNY à Stroud Gloucestershire (Royaume-Unis).
Penseur, propagandiste et pédagogue anarchiste hongrois.
Il est né le 17 octobre 1877 à Bögöte (Hongrie, alors Empire Austro-Hongrois), dans une famille de l'aristocratie (il aura le titre de Comte). Après des études primaires à Budapest, il poursuit des études universitaires à Londres puis à Cambrige. C'est durant son séjour en Angleterre qui découvre la pensée socialiste et anarchiste à la lecture d'Edward Carpenter, William Morris, Léon Tolstoi et de Pierre Kropotkine qu'il rencontrera personnellement. De retour en Hongrie ses idées heurtent sa famille aristocrate. Celle-ci, craignant que son héritage ne soit partagé avec les travailleurs, le place sous tutelle en 1901 dans un sanatorium viennois, dont il ne sera autorisé à sortir qu'en 1903.
Il participe ensuite à l'activité politique et intellectuelle hongroise, donnant des conférences, comme en 1904, où il expose le point de vue anarchiste aux débats de la "Társadalomtudományi Társaság" (Société de Sociologie) concernant l'orientation du développement social. Selon sa définition de l'anarchisme: "nous devons comprendre un ordre social fondé sur la libre coopération fraternelle du peuple, sans pouvoir ou violence externe. En lieu et place du système de règles basées sur la violence, s'exprimant dans les institutions coercitives de la propriété, du droit et de l'État, les formes de la société anarchiste viendront à être créées par la solidarité cachée dans la nature humaine, par la liberté, l'égalité et la coopération volontaire qui en découlent." Selon lui : l'harmonie sociale ne peut exister par la réglementation.
Ayant touché un important héritage foncier dans le comté de Bögöte, il procède à la distribution des terres aux journaliers agricoles dont il partagera, à l'image de Tolstoi, le mode de vie durant un temps. Désireux de mettre en pratique ses idées sur l'éducation, il fonde dans son ancienne propriété une école gratuite pour les enfants de paysans. Elle s'inspire de l'expérience de l'École Moderne du pédagogue espagnol Francisco Ferrer (co-éducation des sexes, enseignement libre, remise en cause des manuels scolaires, vie pratique incluant une réflexion sur l'habillement et la nourriture, etc.). Elle est inaugurée à Bögöte le 29 octobre 1905, mais ses idées de pédagogie sociale éclairées s'attirent l'hostilité de l'Eglise catholique, des familles de propriétaires fonciers et des autorités du Comté qui, après avoir tenté d'empêcher l'ouverture de l'école, finiront par la faire fermer en 1910. Il publie en 1906 le journal anarchiste "Testvériség" (Fraternité). Pensant que l’anarchisme pourrait se concrétiser en unifiant tous les mouvements sociaux, il rassemble des syndicalistes, des coopérativistes et des communalistes autour de lui.
Le 8 février 1907, il commence à Szombathely la publication du bimensuel "Társadalmi Forradalom" (Révolution Sociale). Pour soutenir ce journal, "l’Union des Socialistes Révolutionnaires" est créée. Elle se réfère aux principes du "Congrès Anarchiste International" d’Amsterdam de 1907. Le journal continuera sous différents noms jusqu’à la chute des Conseils Ouvriers.
En 1910, Ervin Batthyány quitte définitivement la Hongrie et part s'intaller à Londres. En 1913, il renoncera même à la citoyenneté hongroise. Il militera dans les cercles anarchistes londoniens durant la guerre et se fixera ensuite à Lyme Regis puis à Stroud où il finira sa vie.
Un hommage tardif : le 5 août 2006, une plaque à son effigie, oeuvre du sculpteur Tamas Gaal, est inaugurée par le Ministre de la Culture hongrois, elle est fixée sur un mur de la salle communautaire de Bögöte, qui porte également son nom.



 

Le 9 juin 1899, naissance de Robert JOSPIN

 

Le 9 juin 1908, incinération d'Alexandre Eugène TENNEVIN

 

 

 

fil chouette

 

le libertaire de Dejacque

En-tête du premier numéro
(Paraissant à intervalles irréguliers, une fois par mois au moins).

Le 9 juin 1858, à New York (USA). Joseph Dejacque fait paraître le premier numéro du journal "Le Libertaire, journal du mouvement social". Le 27ème et dernier numéro paraîtra en Amérique en février 1861, peu avant le retour de Dejacque en France, mais le titre du journal ne sera pas oublié. Il sera repris en France le 16 novembre 1895 par Sébastien Faure et Louise Michel avant de conquérir le monde, et d'être décliné dans de multiples langues.
"Le Libertaire n'a de patrie que la patrie universelle. Il est l'ennemi des bornes : bornes-frontières des nations, propriété d'Etat ; bornes-frontières des champs, des maisons, des ateliers, propriété particulière ; bornes-frontières de la famille, propriété maritale et paternelle. Pour lui, l'Humanité est un seul et même corps dont tous les membres ont un même et égal droit à leur libre et entier développement, qu'il soient les fils d'un continent ou d'un autre, qu'ils appartiennent à l'un ou l'autre sexe, à telle ou telle autre race."
in premier numéro.

 

fil yeux

 

meeting l'Art emprisonné

Affiche du meeting de solidarité

Le 9 juin 1909, à Paris dans la salle des Sociétés Savantes, se déroule un Meeting de solidarité avec le dessinateur Aristide Delannoy, condamné le 26 septembre 1908 (avec Victor Méric) à un an de prison et 3 000 francs d'amende pour avoir caricaturé le général d'Amade. L'affiche annonce le concours de personnalités littéraires et politiques comme Anatole France, Allemane, Sembat, Willm, Bonzon et le dessinateur Jules Grandjouan qui a en outre réalisé l'affiche.
"Il est inadmissible qu'en 1909, en France, un artiste puisse être encore condamné et emprisonné pour avoir exprimé sa pensée dans un simple dessin sans légende. Artistes, écrivains, ouvriers, vous tous partisans de la liberté de penser et d'écrire nous vous convions au Grand Meeting."

les Hommes du jour" le gl d'Amade

Couverture des "Hommes du jour" avec le Gal d'Amade en boucher.

fil chouette

 

journal A Plebe

En-tête du premier numéro

Le 9 juin 1917, à São Paulo (Brésil), sortie du premier numéro du journal "A Plebe" (La Plèbe). Publication fondée et dirigée par l'anarchiste Edgard Leuenroth. Cette publication aura une grande influence sur la classe ouvrière des États de São Paulo et de Rio de Janeiro, et il passera même quotidien en 1919. Vers 1922, Edgard Leuenroth quittera la direction du journal, elle sera reprise par Rodolpho Felippe, qui le publiait encore en 1927. Il est probable qu'il cessa d'être publié après le Coup d'Etat de 1930.

 

fil chouette

 

journal "La Voce del Profugo"

En-tête du numéro 5 du 10 août 1923

Le 9 juin 1923, à Paris, sortie du premier numéro de "La Voce del Profugo" (La Voix du Réfugié). Journal antifasciste et du syndicalisme de classe, en langue italienne. Publication des antifascistes italiens en exil en France dirigée par l'anarchiste Alberto Meschi. Huit numéros paraîtront, le dernier en date du 12 janvier 1924.