La déclaration qu'Etiévant ne put faire lors de son procès
devant la Cour d'assises de Versailles en 1892.
°
-
Vittorio Pini (gravure et photo )
Le 8 juin 1903, mort de Vittorio PINI au bagne de Cayenne.
Anarchiste individualiste et illégaliste italien, théoricien de la reprise individuelle.
Il est né vers 1860 à Reggio Emilia (Italie). Fils d'un volontaire garibaldien, il a une enfance misérable et est apprenti typographe à 12 ans. Il travaille ensuite pour un journal républicain et s'intéresse à l'action politique, mais après les élections de 1876, désillusionné, il rejoint les internationalistes. A Milan, il prend part à une grève générale de six mois des typographes qui aboutit à un échec et renforce sa conviction sur l'inefficacité de ce type de lutte. Il est un temps pompier puis commerçant avant d'émigrer en France en 1886. Il exerce divers "petits boulots" qui lui font durement sentir l'injustice sociale. La lecture de "Paroles de révoltés" de Kropotkine le convertit définitivement à l'anarchisme. Avec des compagnons italiens, il va créer un groupe anarchiste individualiste qui prendra les noms de : "Les Intransigeants de Londres et Paris", " Les va-nu-pieds de Paris", "Les Rebelles de St-Denis", ou encore "Le Groupe des introuvables". Il théorise alors "l'expropriation" comme moyen de lutte et commet divers cambriolages audacieux, comme celui d'emporter en plein jour sur ses épaules un coffre-fort qui n'avait pu ouvrir sur place. La majeure partie de l'argent récolté servira à financer des journaux comme "Il Ciclone" (1887) ou "Il Pugnale" Le Poignard (1889), qui donne des instructions pour confectionner des engins explosifs. Il crée également une imprimerie, et aidera même financièrement le fils d'un anarchiste emprisonné à poursuivre ses études, lui-même se contentant de vivre frugalement. En 1888, l'ambassade italienne lui reprochera diverses actions comme : d'avoir agressé à coup de couteau un agent du gouvernement italien, à Paris, des tentatives de cambriolages, la fabrication de bombes ainsi que d'avoir eu le projet d'assassiner d'un général italien. Pini aurait été à l'origine de la création de "La Cloche de bois" groupe d'activistes qui se chargeait de déménager discrètement les compagnons en difficulté qui ne peuvent plus payer leurs termes aux propriétaires.
En octobre 1888, il publie "Le Manifeste des anarchistes de langue italienne au peuple d'Italie" dans lequel Amilcare Cipriani est accusé d'avoir trahi l'idéal de la Révolution sociale. Accusé à son tour par deux socialistes italiens d'être à la solde de la Police, il monte avec Luigi Parmeggiani une expédition punitive en Italie et, le 13 février 1889, ils portent des coups de couteaux à un des deux socialistes à Mirandola. Intercepté trois jours plus tard par la police, ils parviennent toutefois, après avoir tiré sur les agents, à prendre la fuite et à rentrer en France. Mais recherché, il est dénoncé et arrété le 18 juin 1889. Seront également arrêtés comme complices Placide Schuppe et son frère ainsi que leurs compagnes dont Maria Soenen. Lors du procès le 4 novembre 1889, il tente de disculper ses présumés complices et revendique haut et fort ses vols comme actions politiques. "Soyez-en certains, je ne rougis pas de vos accusations et j'éprouve un doux plaisir à être appelé voleur par vous."
Il est condamné à 20 ans de travaux forcés. Envoyé au bagne de Cayenne sur l'Ile Royale, il se lie avec Clément Duval et Girier-Lorion. Il s'évadera en 1898, et réussira à rejoindre Paramaribo, au Surinam, trouvant refuge dans une plantation de café. Mais lors d'une chasse à l'homme, il sera repris après avoir été atteint d'une balle dans la jambe droite.
|
|
|