Nîmes, monument à Bernard Lazare
oeuvre d'Hippolyte Lefebre et Roger Bioche (carte postale)
Ephéméride Anarchiste
14 juin
Bernard Lazare
Le 14 juin 1865, naissance
de Bernard LAZARE à Nîmes. Ecrivain, journaliste,
anarchiste, défenseur de Dreyfus et des juifs
persécutés.
Né dans une famille de la bourgeoisie juive, à 20 ans
il gagne Paris et se passionne pour la littérature symboliste
alors fortement influencée par les idées anarchistes.
Mais après les attentats et le vote des
"Lois
scélérates" la répression s'abat sur les
anarchistes et leur presse. Bernard Lazare prend leur défense,
et témoigne au procès de
Jean Grave (poursuivi pour son livre
"La société mourante et l'anarchie"), en février
1894. Membre du comité de rédaction de la revue "Les
Entretiens politiques et littéraires" il collabore aussi aux
"Temps nouveaux". Cette
même année 1894, il publie "L'antisémitisme, son
histoire, ses causes" en réponse à "La France juive" de
Drumont. La fin de l'année voit la condamnation de
Dreyfus.
Bernard Lazare est un des premiers à prendre sa
défense. Ses livres "Silence autour de l'affaire"
(début 1895) puis "Une erreur judiciaire, la
vérité sur l'affaire Dreyfus" (1896) mobiliseront
l'opinion bien avant Zola. En 1896, il fonde la revue "L'Action
d'Art" dans laquelle écriront Fernand
Pelloutier et André Girard,
partisan d'un art social, opposé à un art de classe. De
sa rencontre avec le théoricien du sionisme Theodor Herzl,
commence son engagement dans ce mouvement. En 1898, il fonde la revue
sioniste et sociale "Le flambeau". Mais très vite, il rompt
avec le mouvement; ses idées libertaires s'opposant à
la conception d'un Etat sioniste avec comme corollaire le maintien
des classes sociales et des inégalités.
De 1900 à 1902, il séjourne en Europe Centrale,
où il prend la défense des juifs opprimés. De
retour en France, il participe aux "Cahiers de la Quinzaine" et
écrit "Le fumier de job". Mais, malade et épuisé
par ses combats, il meurt le 1er septembre 1903, à l'âge
de 38 ans.
Lire la remarquable biographie de Bernard Lazare, écrite par
Philippe Oriol (septembre 2003).
Jules-César Rozental
Le 14 juin 1872 (1878?) , naissance
de Jules-César ROZENTAL à Irkoutsk (Sibérie).
Militant et combattant anarchiste.
Fils d'un révolutionnaire russe d'origine polonaise, réfugié en Bulgarie, Jules accompagne son père médecin dans les villages bulgares et en profite pour semer les premières graines d'anarchie. En 1903, il adhère au mouvement révolutionnaire macédonien et rejoint les partisans libertaires de Nicolas Detchev qui pénétreront fin août 1903 en Macédoine pour y chasser l'occupant turc. Avec d'autres partisans, ils livreront bataille aux Turcs dans la nuit du 11 au 12 septembre 1903, près du village de Loukovo. Plus de 400 militaires turcs succomberont durant la bataille, mais aussi 113 Bulgares dont Nicolas Detchev. Quant à Jules-César Rozental, gravement blessé, il meurt le 14 septembre 1903. A noter que Jules était aussi poète, et qu'un recueil de ses poésies sera publié après sa mort sous le titre de "Chants Inachevés".
Lire à propos de ces événements méconnus en France, l'ouvrage de Balkanski : "Libération nationale et révolution sociale à l'exemple de la révolution Macédonienne", ainsi que la brochure de Volonté anarchiste : "Histoire du mouvement libertaire en Bulgarie".
Rirette Maitrejean
Le 14 juin 1968, mort de
Rirette MAITREJEAN à Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise).
Militante et propagandiste anarchiste individualiste, mêlée à l'affaire de la bande à Bonnot.
Elle est née Anna Henriette ESTORGES, le 14 août 1887
en Corrèze, dans un milieu paysan. A 16 ans, elle perd son père et ne peut (faute d'argent) devenir institutrice. Refusant un mariage arrangé par sa mère, elle arrive à Paris en 1904. Elle y découvre la rude vie des couturières, mais prend des cours à la Sorbonne, puis dans "les Universités populaires" qui fleurissent alors (la première a été créée par l'anarchiste Georges Deherme). Elle en vient à fréquenter "Les Causeries populaires" animées par Libertad qui édite le journal "l'anarchie" et se joint aux sorties champêtres organisées par les individualistes qui prônent l'amour libre. En 1906, elle donne naissance à deux filles Maud et Sarah et se marie avec le compagnon Louis Maîtrejean, sellier de profession. Il sera condamné en 1910 à 5 ans de prison pour fausse monnaie, mais avant cela, elle le quitte pour aller vivre à Champrosay, près de Draveil, avec le conférencier Maurice
Vandamme dit Mauricius. Le 30 juillet 1908, alors qu'elle prend part à une manifestation de solidarité avec les terrassiers, en grève depuis le 1er mai, le cortège est violemment chargé par un régiment de dragons qui n'hésite pas à tirer sur la foule, provoquant 4 morts et deux cents blessés, dont Rirette qui est sérieusement atteinte à une jambe.
Elle retourne s'installer à Paris, et assure quelques mois en 1909 (avec Mauricius) la direction du journal (après la mort de Libertad). Elle part en voyage pour la Tunisie avec Mauricius, mais atteinte d'une méningite à Rome, elle est contrainte de rentrer à Paris où elle va se lier avec Victor Kibaltchiche, arrivé de Belgique. En juillet 1911, avec lui, elle succède à Lorulot à la direction de "l'anarchie" que ce dernier a installé à Romainville. Ils y retrouvent certains compagnons belges de Victor qui vivent en communauté, mais qui sont de plus en plus portés vers l'illégalisme. Carouy et Jeanne Belardie, puis Callemin, Garnier et Valet sont bientôt contraints de fuir Romainville. Rirette et Victor ne pouvant plus payer le terme, reviennent s'installer à Paris, 24 rue Fessart, où ils poursuivent la publication du journal. C'est là qu'ils apprendront le braquage de la rue Ordener. Le 31 janvier 1912, ils sont perquisitionnés par la police, puis Victor est arrêté. Rirette subit plusieurs interrogatoires avant d'être à son tour placée en détention le 25 mars 1912 (pour un recel de revolvers), alors que la bande poursuit une escalade sanglante à Chantilly. En février 1913 elle est jugée dans le procès des survivants de
la bande. Elle est acquittée mais Victor
est condamné à 5 ans de prison. Elle livre ensuite au journal "Le Matin" ses
"Souvenirs d'anarchie", qui dépeignent amèrement le milieu
individualiste, ce qui lui sera vivement reproché. Le 3 août 1915, elle se marie en prison avec Victor. Mais celui-ci, libéré en janvier 1917, est expulsé de France. Il rejoint alors Barcelone, puis se brouille avec Rirette avant de rejoindre la Russie bochevique.
Elle travaille ensuite comme typographe, avant de devenir correctrice de presse et d'intégrer le syndicat des correcteurs en 1923. Durant des années trente, elle s'installe au Pré-St-Gervais et vit avec Maurice Merle (un actif syndicaliste des usines Renault) et collabore à "La
Revue Anarchiste".
Elle participera encore, en 1959, au journal
"liberté"
fondée par Louis Lecoin, mais deviendra progressivement aveugle à la fin de sa vie. "J'essayai d'expliquer au tribunal que si l'anarchie enseignait aux hommes le mépris des morales conventionnelles, par contre elle ne les incitait pas au meurtre. Chacun demeurait libre de se déterminer selon sa conscience..."
Le 14 juin 1947, naissance
de Yves FREMION,
Vicente Marti
Le 14 juin 2006, mort de
Vicente MARTI.
Militant anarchiste espagnol.
Il naît en 1926 à Madrid dans une famille d'actifs
militants anarcho-syndicaliste. En 1932, la famille s'installe
à Alcira en Pays Valencien. Il n'a que dix ans
lorsqu'éclate la révolution en
juillet 1936, mais il se
souvient d'avoir vu brûler l'argent de la Banque et comment on
a constitué une importante collectivité industrielle.
En 1939, après la défaite, alors que sa mère est
en fuite et son père en prison, il est contraint de travailler
dans une ferme. En 1948, fuyant (avec sa famille) la dictature
franquiste, il traverse clandestinement les Pyrénées et
se réfugie en France à Avignon. En 1955, il commence
à militer au sein du Mouvement Libertaire Espagnol en Exil et
en particulier à la
"Fédération Ibérique
des Jeunesses Libertaires". De 1961 à 1976 il participe
activement à l'organisation de campings libertaires
internationaux dans le sud de la France. En 1961, il est
délégué de la FIJL et de la
CNT au congrès du Mouvement
libertaire à Limoges où sera créée une
organisation de combat "Défense interieure"(DI) chargée
de coordonner l'action révolutionnaire clandestine contre le
franquisme. Il en fera partie, se chargeant en particulier de l'envoi
de véhicules et d'armes en Espagne. Il connaissait notamment
Delgado et
Granados qui seront
exécutés par les franquistes durant
l'été 1963. Sur
la pression de Franco, les autorités française
persécuteront alors les antifascistes de la FIJL qui seront
emprisonnés puis libérés après une
grève de la faim. Il sera également un militant actif
sur son lieu de travail et en particulier en mai 1968. En octobre
1976, fiché comme antifranquiste, il est assigné
à résidence à Belle-Ile-en-Mer avec d'autres
activistes, durant la visite officielle du roi d'Espagne en France.
Un film de Gabriel Auer retrace cet événement "Vacances
royales"(1980).
Lassé des polémiques, il cesse ensuite de militer
à la CNT, mais ne reste pas inactif durant sa retraite. Il
navigue sur un bateau en Méditerranée avec des jeunes
en difficulté et travaille durant une dizaine d'années,
aux côtés de Marianne Enckell, au CIRA de Lausanne,
où il contribue à exhumer l'histoire d'une Ecole
Libertaire en Pays Valencien, au début des années 20.
Il a également travaillé avec la "Comunidad del Sur" de
Montevideo, avec la compagnie de théâtre de rue
"Ilotopie" et a même construit un bateau dans son jardin.
Il retrace ses souvenirs dans le livre "La Saveur des patates douces"
(ACL 1998).
"Je me rappelle bien quand ils ont
brûlé l'argent, à Alcira. C'était tout au
début de la révolution: les anarchistes, et
peut-être bien les socialistes de l'UGT aussi, ont
éventré la banque, pris tous les registres, tous les
documents. Ils les jetaient par les fenêtres et en faisaient un
feu sur la place, en dessous. Et voilà que l'argent aussi, les
billets de banque ont volé par les fenêtres, se sont
enflammés!"
Le 14 juin 1891, à Imola (Italie), sortie du numéro unique de "Questione Sociale". Le gérant de cette publication est Giuseppe Siboni. " - l'emancipazione degli oppressi deve esser l'opera degli oppressi, e che se esso farà calcolo sulle proprie forze e agirà virilmente, senza lasciarsi addormentare e corrompere dalle menzogne di deputati e candidati, potrà compiere quei miracoli, cui oggi non credono più coloro che sulle sue spalle si sono innalzati a forza di promesse non mantenute. La Redazione." (- l'émancipation des opprimés doit être l'œuvre des opprimés eux-mêmes, et s'ils comptent sur leurs propres forces et agissent courageusement, sans être endormis et corrompus par les mensonges des députés et des candidats, ils peuvent accomplir des miracles, auxquels aujourd'hui ils ne croient plus, comme ceux qui se sont élevés sur leurs épaules à force de promesses non tenues. La Rédaction.) Numérisé ici.
Alfonsine (en Emilie-Romagne), le cercle monarchiste après le saccage
(voir l'inscription Masetti sur le mur)
Le 14 juin 1914, à
Ancône et dans toute l'Italie. Fin de la "Settimana rossa" (Semaine rouge), l'ordre bourgeois est rétabli. De nombreux prolétaires ont payés au prix de leur vie, ont été bléssés ou arrêtés dans les affrontements avec les forces de répression durant cette semaine révolutionnaire qui a vu une fois de plus les camarades socialistes renier leur classe et se ranger derrière le pouvoir étatique. (voir 7, 8, 10, 11 juin)
En-tête du numéro 11 du 6 septembre 1917 (doc. Cira de Lausanne)
En-tête du premier numéro daté du 14 juin 1917
Le 14 juin 1917, à Tampico (Mexique), sortie du premier numéro du journal "Germinal" Périodique (hebdomadaire) Libertaire. Publication du "Groupe Germinal" dont Isaura Galván est le premier directeur et Ricardo Treviño l'administrateur. Journal signalé par Nettlau, au moins 24 numéros parus jusqu'au 7 février 1918.
Les vingt-quatre numéros numérisés ici.
En-tête du premier numéro
Le 14 juin 1930, à Barcelone (Catalogne), sortie du premier numéro de l'hebdomadaire "El Productor" (Le Producteur). Seuls six numéros de ce journal anarchiste verront le jour, le dernier en date du 19 juillet 1930. A noter que plusieurs publications anarchistes porteront ce titre (voir en particulier ceux de 1887, de 1925 et de 1936-37)
En-tête du numéro 2 (deuxième année), de septembre 1931
Le 14 juin 1930, à Melbourne (Australie), sortie du premier numéro du journal "L'Avanguardia Libertaria" (L'Avant-garde libertaire), Bimensuel de Lutte et de Propagande. Cette publication en langue italienne, dirigée par Isidoro Bertazzon, sortira jusqu'au 15 novembre 1932 (à noter une interruption entre le 27 octobre 1931 et le 1er janvier 1932, il est ensuite mensuel).
Le 14 juin 1968, à
Paris, après la reprise en main par le pouvoir, le retour progressif au travail et l'interdiction de toute manifestation et la dissolution des groupes d'extrême-gauche, c'est au tour du théâtre de l'Odéon (occupé depuis le 15 mai) d'être évacué par la police. Les derniers "enragés" qui s'y trouvaient
encore se rendent aux forces de l'ordre. A dix heures du matin, la banderole de la façade est enlevée ainsi que le drapeau rouge et le drapeau noir qui flottaient au fronton. "L'ex-Odéon, la première tribune libre d'Europe vient d'être supprimée".
Le 16 juin ce sera au tour de la Sorbonne d'être évacuée par la police.
Le 14 juin 1914, à
Ancône et dans toute l'Italie. Fin de la "Settemana rossa"
(Semaine rouge), l'ordre bourgeois est rétabli. De mombreux prolétaires ont payés au prix de leur vie, ont été bléssés ou arrêtés dans les affrontements avec les forces de répression durant cette semaine révolutionnaire qui a vu une fois de plus les camarades socialistes renier leur classe et se ranger derrière le pouvoir étatique. (voir 7, 8, 10, 11 juin)
Couverture du numéro 5 de mai 1999
En juin 1997, à Paris, sortie du premier numéro de la revue "Les Temps maudits" Revue syndicaliste révolutionnaire et anarcho-syndicaliste éditée par la "Confédération Nationale du Travail française" (C.N.T-A.I.T). La décision de sa création a été prise au congrès de la CNT de Lyon l'année précédente. Elle constitue un supplément du journal "Combat syndicaliste" qu'elle complète en abordant à travers des articles bien documentés des sujets traitant de notre mémoire sociale ou de l'actualité militante tant nationale qu'internationale (26 numéros parus jusqu'en 2007).