"Guerre à la guerre" ouvrage d'Ernst Friedrich
Ephéméride Anarchiste
2 mai
Le marin Anatoli Zhelzniakov (Jelezniakov)
Le 2 mai (20 avril, julien) 1895, naissance d'Anatoli Grigorievich ZHELZNIAKOV (ou JELEZNIAKOV) à Fedoskino (près de Moscou).
Militant anarchiste et révolutionnaire russe, devenu héros de la Révolution.
Son père travaillait sur le domaine d'un propriétaire terrien. Anatoli avait une sœur, Alexandra et deux frères marins, Nikolai et Victor. Nikolai était également anarchiste et Victor sera diplômé de l'école navale de Petrograd commandera un navire de la flotte de la Baltique.
Quant à Anatoli, inscrit à l'École militaire paramédicale de Lefortovo, il en est expulsé en 1912, pour avoir refusé de défiler en l'honneur de l'impératrice. Il travaille un temps dans une pharmacie, puis part à Odessa où il devient docker, puis pompier dans la flotte marchande. A l'été 1915, il est mécanicien et diffuse clandestinement de la propagande révolutionnaire. En octobre 1915, appelé au service militaire, il s'engage dans l'équipage de la 2e flotte de la Baltique, mais après avoir déserté en juin 1916, travaille sous le nom d'emprunt de Victorsky, comme pompier sur des navires dans la Mer Noire .
Lors de la Révolution de février 1917, il retourne dans la Baltique et travaille sur un poseur de mines. Refusant de reconnaître le gouvernement provisoire, il s'exprime dans de nombreux meetings. En mai 1917, il est élu délégué au 1er Congrès de la Flotte de la baltique. En juin 1917, il rejoint les anarchistes qui occupent la datcha Durnovo à Petrograd, et qui sont menacés par les autorités. Mais début juillet lors de l'assaut de la datcha, un anarchiste Shlioma Aronov Asnin est tué, les autres sont arrêtés, dont Zhelzniakov qui accusé d'avoir jeté des bombes sur les assaillants est condamné à 14 ans de travaux forcés.
Mais après les journées de juillet (la répression sanglante, et la formation d'un nouveau gouvernement avec Alexander Kerensky), il parvient à s'échapper. Il organise ensuite une manifestation devant l'ambassade américaine pour protester contre les condamnations à San Francisco des militants Tom Mooney et Warren Billings et les menaces d'expulsions des anarchistes comme Berkman et Goldman.
Il participe le 7 novembre (25 octobre) 1917, avec des équipages de marins bolcheviques à l'Assaut du Palais d'Hiver (alors siège du gouvernement provisoire) réalisant de fait le renversement des autorités et l'avènement de la Révolution d'Octobre. Il rejoint ensuite le Comité naval révolutionnaire et prendra part aux combats contre la tentative contre-révolutionnaire de Kerensky-Krasnov.
En décembre 1917, il devient commandant adjoint d'un détachement révolutionnaire de marins. Ce détachement sera utilisé pour disperser en janvier 1918, les soutiens à l'Assemblée constituante panrusse. Anatoli était alors le chef de la Garde du Palais de Tauride (où siégeait l'Assemblée) et donc un des responsables de la dissolution du Parlement.
Il participe au 3ème Congrès panrusse des Soviets où il est désigné pour mener la lutte contre l'intervention militaire roumaine en Bessarabie et l'évacuation des troupes et navires encerclés dans la région du Danube.
Il prend part aux combats et de retour à Odessa à la mi-février, dirige une détachement spécial des forces navales. En mars 1918, il est nommé commandant des fortifications de Podilsk et prend part aux combats contre les forces austro-allemandes. A son retour à Petrograd, il est nommé membre politique de l'état-major de la Marine. A la mi-juin 1918, il est à nouveau sur le front dans la région de Tsaritsyne, où il est nommé commandant d'infanterie et combat contre les troupes cosaques.
Mais il s'oppose à Trotsky et à sa réorganisation de l'Armée rouge, qui abolit l'auto-organisation et qui ramène dans ses rangs d'anciens officiers tsaristes. Il rentre alors en disgrâce, on lui retire tout commandement et on ordonne son arrestation. Contraint de retourner à Moscou, le Président du comité exécutif soviétique tente de résoudre le différent en lui offrant un poste de haut rang, qu'il refuse.
Il repart alors clandestinement à Odessa en octobre 1918, où sous le nom de Victor, il travaille comme mécanicien dans une usine de réparation navale et est même élu au Conseil d'administration du syndicat des marins.
Il participe au soulèvement anti-impérialiste à l'approche de l'Armée rouge. Le 6 avril 1919, après la conquête d'Odessa par l'Armée rouge, il est élu président du syndicat des marins marchands.
Début mai 1919, il reprend du service dans l'Armée rouge et est nommé commandant d'un train blindé. En mai-juin, il lutte contre le soulèvement de Nikifor Grigoriev, puis en juillet, contre les troupes blanches de Dénikine.
Le 25 juillet 1919, le train tombe dans une embuscade près d'Ekaterinoslav, mais au moment où le train parvient à s'extraire, Anatoli est atteint d'une balle dans la poitrine qui lui sera fatale le jour suivant 26 (6) juillet 1919.
Mort, Anatoli Zhelezniakov sera honoré et récupéré par les bolcheviques qui en feront un héros de la Révolution lui consacrant plusieurs monuments, des navires porteront son nom, poèmes et chansons seront écrites en sa mémoire, mais sans jamais mentionner son anarchisme et que s'il avait combattu pour la Révolution aux côtés des bolcheviques il n'avait jamais rejoint leur parti.
Il est d'ailleurs fort probable que s'il n'était pas mort au combat, il aurait difficilement échappé aux balles de la Tchéka (police politique), comme nombres d'anarchistes, d'opposants, ou de simple "gêneurs".
Pierre Chardon
(dessin d'Albin)
Le 2 mai 1919, mort de
Maurice CHARRON dit Pierre CHARDON.
Militant anarchiste individualiste et antimilitariste.
Il est né le 3 novembre 1892 à Châteauroux. En
1914, il sera réformé à cause de sa faible
constitution, ce qui ne l'empêchera pas de publier, dans
l'imprimerie qu'il avait montée, de nombreuses brochures et
tracts clandestins qui dénonçaient la guerre et le
militarisme. Il devint alors le collaborateur de
E.Armand, qui publiait
"par delà la
mêlée" (1916-1918) et poursuivit l'action d'Armand
avec "La Mêlée" quand
celui-ci fut emprisonné en 1918. En 1918, il participa aussi
à "Ce qu'il faut dire" de
Sébastien Faure.
Sa compagne, Jeanne LEMOINE, mourut en 1918 de la grippe espagnole.
Lui-même gravement malade, décéde ce 2 mai 1919,
à l'âge de 27 ans.
Ernst Friedrich
Le 2 mai 1967, mort d'Ernst FRIEDRICH au Perreux (Région parisienne).
Militant et propagandiste pacifiste, antimilitariste et anarchiste allemand.
Il est né le 25 février 1894 à Breslau Silésie (Pologne). Fils d'un sellier et d'une blanchisseuse, il travaille très tôt en usine mais poursuit des études grâce aux cours du soir. En 1914, alors qu'il est comédien au théâtre royal de Poznan (et déjà fortement antimilitariste), il refuse la mobilisation et est un temps interné en hôpital psychiatrique. Il se joint ensuite à des groupes clandestins de la jeunesse antimilitariste et commet en 1917 un acte de sabotage ce qui lui vaudra d'être arrêté et emprisonné. Libéré au début de la révolution de novembre 1918, il rejoint le mouvement de la jeunesse socialiste autour de Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, puis l'organisation des jeunes communistes. Mais prenant conscience du côté autoritaire de ces mouvements, il évolue vers l'anarchisme. En 1919, il fonde la "Föderation der révolutionären Jugend deutscher Sprache" (Fédération de la jeunesse révolutionnaire de langue allemande) et publie l'hebdomadaire "Freie Jugend" qui servira de lien fédérateur aux divers groupes de jeunes anarchistes d'Allemagne, mais aussi d'Autriche et de Suisse alémanique, qui rejoindront en toute indépendance cette organisation. Au début des années vingt, il ouvre à Berlin un local fréquenté par la jeunesse anti-autoritaire, qui devient un lieu de rencontre entre les jeunes ouvriers et le milieu artistique et littéraire, par le biais d'expositions et de débats.
Il prend également part à la campagne de mobilisation pour exiger la libération d'Erich Mühsam emprisonné suite à sa participation à la révolution de Bavière (Mühsam et Ernst Toller collaboraient à "Freie Jugend"). Editeur, il publie plusieurs ouvrages dont "Kreig dem Kriege" (Guerre à la guerre) un album photos en quatre langues pour dénoncer les atrocités de la guerre et du patriotisme, qui sera vendu à cinquante mille exemplaires.
En 1923, il ouvre à Berlin le premier "Musée international anti-guerre" qui regroupe également une imprimerie et une librairie. Mais il va subir la répression étatique et les procès succéderont aux procès pour : propos antimilitaristes, incitation à la lutte de classe, offense au président du Reich, à l'église, etc. Les mois de prison et les amendes finiront par le ruiner, malgré la création en 1930 d'un comité de soutien. Le 6 avril 1930, il est finalement condamné à un an de prison pour haute trahison, à la suite de ses publications. Dès sa sortie, devant le péril nazi, il envoie à l'étranger une partie des documents de son musée. La nuit de l'incendie du Reichstag il est arrêté et son musée et saccagé et réquisitionné par les SA. (qui s'en serviront de lieu de torture). Malade, il est finalement libéré en septembre 1933 sous la pression de Quakers américains, mais est placé en résidence surveillée. Il s'en évade et rejoint la Tchécoslovaquie puis la Suisse (d'où il est expulsé en 1934) et enfin la Belgique où, grâce à l'aide des syndicats et partis ouvriers belges, il ouvre un deuxième "Musée anti-guerre" à Bruxelles, lequel sera à nouveau détruit avec l'entrée des troupes allemandes en Belgique en 1940. Réfugié en France, il sera interné dans les camps, recherché par la Gestapo. Arrêté, il réussit à s'évader et à rejoindre les maquis de la résistance FFI en Lozère (il aurait sauvé 70 enfants juifs de la déportation).
Après la Libération, il devient français et adhère au Parti Socialiste (SFIO) mais poursuit son activisme antimilitariste, essayant en vain de recréer un musée anti-guerre.
En 1945, il achète une péniche (l'Arche de Noé) sur laquelle il se consacre à promouvoir l'amitié franco-allemande. En 1954, après avoir perçu des dédommagements de l'Etat allemand, il fait l'acquisition de terrains sur une île sur la Marne (près de la ville du Perreux) pour y construire un Centre international de la jeunesse, qui deviendra "L'île de la Paix" un lieu de rencontre pour la jeunesse ouvrière.
"Le véritable héroïsme n'est pas dans le meurtre mais dans le refus du meurtre!"
in "Guerre à la guerre".
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Le Musée anti-guerre à Berlin en 1926 et l'en-tête du journal "Die Schwarze Fahne" (Le Drapeau Noir ) publié par Ernst Friedrich entre 1925 et 1929
Le 2 mai 1991, mort de Paul
LAPEYRE.
Militant anarchiste, anarcho-syndicaliste et libre penseur.
IL est né le 28 mai 1910 dans le Gers. Coiffeur après
avoir été obligé de quitter son poste
d'instituteur à cause de son antimilitarisme. En 1926, il
adhère, avec ses frères
Aristide et Laurent, à la
C.G.T- S.R (crée par
Pierre Besnard) et participent au
journal "Combat syndicaliste". En 1935 éclate
"l'affaire des stérilisés de
Bordeaux". Aristide emprisonné, c'est Paul qui assurera la
parution de "La Révolte" , journal anarchiste du Sud-Ouest.
Lorsque débute la révolution espagnole, le
19 juillet 1936, il organise
avec ses frères des réseaux pour envoyer armes,
médicaments etc. aux compagnons de la
C.N.T-
F.A.I, et participe au journal "L'Espagne Antifasciste" ainsi
qu'à S.I.A. En 1939,
mobilisé en Alsace, il est fait prisonnier et envoyé
dans un stalag près de Hambourg, d'où il tentera sans
succès de s'évader.
Libéré en juin 1945, il reprend son militantisme
anarcho-syndicaliste, adhérant à la C.N.T
française qui venait de se créer, participant
également à la renaissance de la
Fédération
Anarchiste.
Après la rupture de 1952, il prendra part à la
reconstitution de la nouvelle
Fédération fin 1953,
militant également à la Libre Pensée. Il
diffusait tous les journaux et revues libertaires dans son salon de
coiffure à Bordeaux. Il trouva la mort ce 2 mai, en Galice,
des suites d'un accident de voiture.
Le 2 mai 1921, naissance de
Paul WULF
Le 2 mai 1897, à
Rome. L'anarchiste Romeo FREZZI, emprisonné, est
retrouvé mort dans sa cellule. Les anarchistes accusent la
police d'avoir provoqué sa mort et manifestent contre le
gouvernement.
Le 2 mai 1920, à
Turin (Italie), l'hebdomadaire anarchiste
"Cronaca Sovversiva"
dresse dans l'article intitulé "D'un carnage à l'autre"
le tragique bilan payé par la classe ouvrière
italienne. En un an de répression, de mars 1919 à mars
1920, c'est 175 personnes qui sont tombées sous les balles de
la police et 330 autres qui ont été blessées.
En-tête de ce numéro 51 du 2 mai 1933 ( Copie doc. Cira de Lausanne)
Le 2 mai 1933, sortie à Azuaga (Badajoz, Espagne) du numéro 51 du journal "El Amigo del Pueblo" (L'Ami du Peuple) troisième époque, quatrième année de parution. Ce journal publié par Juan Guerrero, serait également sorti en 1920.
Affiche du "Comite de Défense Sociale de Bordeaux"
invitant à participer au meeting de soutien des inculpés.
Le 2 mai 1936, à
Bordeaux, a lieu le procès dit des "Stérilisés de Bordeaux".
Cette affaire
a éclaté début avril 1935, après avoir été révélée à la police.
Le docteur anarchiste autrichien Norbert Bartosek aidé de Louis Harel et d'un espagnol du nom de Jean Baeza avaient pratiqué les 23 et 24 mars 1935 au domicile du couple André et Andrée Prévotel des vasectomies
volontaires sur une quinzaine des militants de la région bordelaise. Plusieurs compagnons, Aristide Lapeyre, André et
Andrée Prévotel, Louis Harel et Jean Baeza (par défaut) sont
inculpés pour complicité avec le docteur Bartosek (qui avait été extradé de Belgique où il avait cru trouver refuge).
La France n'ayant pas de législation à ce sujet, la
justice applique alors injustement l'article 316 du code pénal, qui réprime la castration et le 311 qui vise les violences "crime de castration, et coups et blessures
volontaires" et condamnera Bartosek à 3 ans de prison, son assistant espagnol Jean Baeza à deux ans et Louis Harel et André Prévotel à six mois.
Le "Comité de Défense Sociale de Bordeaux" mobilisera l'opinion publique contre ce jugement inique et organisera un meeting de protestation le 16 mai 1936.
En juillet 1936, leurs peines seront confirmées, mais réduites en appel, à respectivement
: 1 an (pour Bartosek) et 4 mois de prison (pour les autres prévenus).
Le 2 mai 1968, à
la Faculté de Nanterre. La contestation étudiante (entamée depuis le
mois de mars), s'amplifie, malgré les menaces que font courir les groupes d'extrême droite qui le matin même se sont attaqués à la Sorbonne. Une journée anti-impérialiste
est organisée par le "mouvement du
22 mars" avec Daniel COHN-BENDIT, mais l'Université est
fermée sur l'ordre du doyen.
La contestation se transportera alors à la Sorbonne le lendemain.