"Jamais rassasiée l'abominable Goule! Rude garce,
madame Patrie : elle mange ses enfants!"
(dessins paru en 1891 dans "Le Père Peinard" n° 143)
Ephéméride Anarchiste
2
août
Fernando Tarrida del Mármol
(en novembre 1898)
Le 2 août 1862,
naissance de Fernando TARRIDA DEL MARMOL, à Santiago de
Cuba.
Militant et théoricien anarchiste et libre-penseur
espagnol.
Fils d'émigrants catalans aisés de Sitges, il fait des
études à Barcelone et à Toulouse. Etudiant
républicain fédéraliste, il évolue vers
l'anarchisme après sa rencontre avec Anselmo Lorenzo. Il
poursuit des études à Madrid d'où il sort
ingénieur. De retour à Barcelone, il prend part
à de nombreux meetings ouvriers et collabore au journal "El
Productor". Penseur d'un anarchisme auquel on n'a pas besoin
d'ajouter d'adjectifs, il est aussi rédacteur à
"Acracia" et à "La Revista Blanca" où il prône un
rationnalisme scientifique et social. En 1881, il assiste, à
Barcelone, au congrès de l'enseignement laïc et est
ensuite délégué au Congrès Universel de
la Libre-pensée à Paris, en 1889.
Directeur de l'Académie Polytechnique de Barcelone, il est
arrêté le 21 juillet 1896 après l'attentat du
7 juin, rue Cambios-Nuevos ,
il est emprisonné avec de nombreux ouvriers (dont le seul
crime, pour la plupart d'entre eux, est de ne pas fréquenter
l'église). Mais alors qu'il est remis en liberté le 27
août (grâce à des relations familliales), ses
compagnons d'infortune sont torturés dans le fort de
Montjuich. La terreur cléricale et militaire restant à
l'ordre du jour, il se réfugie en France, où il entame
aussitôt une campagne pour dénoncer les atrocités
qui se commettent à Barcelone et publie dans "La Revue
Blanche" un article retentissant "Un mois dans les prisons
d'Espagne". Ami de Charles Malato, celui-ci préface, en 1897,
son livre de témoignages "Les inquisiteurs d'Espagne". Il
collabore également à la "Revue du
Brésil"où il apporte son soutien aux insurgés
des Philippines et de Cuba en lutte contre le colonialisme espagnol.
Mais sous la pression des autorités espagnoles, il est
expulsé de France le 10 août 1897. Il se rend en
Belgique puis se fixe en Angleterre où il est
hébergé par Louise Michel
puis Kropotkine. Correspondant du
journal français "La Dépêche" de Toulouse, il est
également en relation avec Pedro
Vallina et Francisco Ferrer. En
1905, il est à Paris pour assister au "Congrès
International de la Libre-pensée", puis au procès de
l'attentat de la rue de Rohan pour
lequel il est cité comme témoin par Malato. De retour
en Angleterre (après une viste clandestine en Espagne), il
prend part à de nombreux meetings, en particulier au Club
anarchiste juif de Jubilee Street aux côtés de
Rocker,
Tcherkesoff, Turner, puis au Club
anarchiste international de Charlotte Street. Partisan de la
Grève universelle, il se joint pourtant, après la
déclaration de guerre, au "Manifeste des 15" impulsé
par Kropotkine et Jean Grave,
favorable à l'intervention armée des alliés. Il
meurt à Londres en 1915.
Outre sa collaboration à la presse anarchiste internationale,
il est le traducteur de Tolstoï et l'auteur notamment de :
"Anarquía, ateísmo y colectivismo"(1885); "Anselmo
Lorenzo. Estudio crítico-biográfico"; "Les inquisiteurs
d'Espagne"(1897); "Programa socialista libertario y la
constitución del mundo"(1908).
Régis Messac
(portrait de Guillaume Desgranges en 1938)
Le 2 août 1893,
naissance de Régis MESSAC, à Champagnac (Charente).
Militant anarchiste, pacifiste adepte de la non-violence et
écrivain.
Suivant la trace de ses parents instituteurs, il deviendra
enseignant. Mais, mobilisé pour la guerre en 1914, il y est
gravement blessé (trépané). Il se flattera de
n'avoir jamais utilisé une arme contre "l'ennemi". La guerre
terminée, il est reçu à l'agrégation de
grammaire, puis part en Angleterre et au Canada, où il
travaille dans différentes universités. De retour en
France en 1929, il enseigne au lycée de Montpellier puis
obtient le doctorat ès lettres avec une thèse sur la
littérature policière.
Syndicaliste libertaire et pacifiste, il remet en cause la
pédagogie et les dogmes de l'enseignement officiel. Militant
actif, il est désigné, en 1936, comme secrétaire
de la Fédération générale de
l'Enseignement. Ecrivain et poète, il publie, en 1935, deux
romans d'anticipation "Quinzinzinsili" et "La Cité des
asphyxiés" et collabore à diverses revues libertaires
ou de littérature prolétarienne. Son oeuvre
entière compte une trentaine d'ouvrages. Durant l'occupation
allemande, il prend part (toujours en pacifiste) à la
résistance, ce qui lui vaudra d'être arrêté
le 10 mai 1943, et déporté dans divers camps de
concentration, d'où il ne reviendra pas.
Paul Goodman
Le 2 août 1972,
mort de Paul GOODMAN, à North Stratford (U.S.A).
Figure marquante de l'anarchisme américain.
Il naît le 9 septembre 1911, à New York. Elevé
par sa mère (son père ayant abandonné la
famille), il fait des études au "City College" ou il est
diplômé en 1931, et part ensuite enseigner à
l'université de Chicago. Professeur, romancier, poète,
critique littéraire, essayiste, auteur dramatique,
psychothérapeute, philosophe social, son champ
d'activité est immense et porte l'empreinte de son anarchisme
individualiste et pacifiste.
Son livre "Growing up Absurd", publié en 1960, aura une grande
influence sur les militants de la "New Left" ("Nouvelle Gauche"
américaine). Il rejette les institutions étatiques,
comme l'éducation officielle qui brise la
créativité naturelle des enfants, et apporte sa
collaboration à "L'Ecole Moderne" américaine,
inspirée par Ferrer.
Individualiste critique face aux partis politiques, même ceux
dit révolutionnaire (trop attachés au messianisme du
"Grand soir"), il propose de vivre tout de suite ce qui est possible
et d'oeuvrer pour une harmonie bienveillante et non-violente,
où il inscrit également son combat pour la
liberté sexuelle.
"Depuis que j'ai atteint
l'âge de douze ans, j'ai été
bisexuel"
Pacifiste convaincu, il milite dès les années trente
dans la contre-culture politique (littérature,
théâtre engagé, etc.), et prend part à la
solidarité internationale antifasciste, il milite encore
contre la guerre du Viêtnam, en prônant l'action
non-violente.
Parmi ses nombreux ouvrages, citons encore "People or personnel", ou
"Communitas", écrit en 1947 avec son frère,
l'architecte Percival Goodman.
Auteur dramatique : "Faustina", "The young disciple", "Jonah",
"Childish Jokes"; certaines de ses pièces seront jouées
par le "Living Theatre".
"A free society cannot be
the substitution of a new order for the old order; it is the
extension of spheres of free action until they make up the most of
social life."
Mécislas Charrier lors de son procès
Le 2 août 1922,
mort de Mécislas CHARRIER, guillotiné à
Paris.
Anarchiste individualiste et illégaliste.
Né à Paris le 2 mai 1895, fils de l'anarchiste
Mécislas Golberg. Non
reconnu par son père, il est néanmoins
élevé par celui-ci jusqu'à l'âge de cinq
ans. Malgré une santé fragile, il effectue divers
"petits boulots" entre Paris, Marseille et Oran (Algérie).
Mobilisé en décembre 1914, il est condamné
à 6 mois de prison pour une tentative de chantage puis
réformé à cause de sa tuberculose. Une
escroquerie lui vaut encore de passer 2 ans en prison.
Libéré en juin 1921, il participe, le 25 juillet 1921,
avec deux complices à l'attaque d'une voiture de 1ère
classe du train Paris-Marseille, pour en dévaliser les
voyageurs. L'affaire tourne mal et un jeune polytechnicien est
tué.
Il est arrêté peu après à Paris, puis ses
2 complices sont tués dans un affrontement avec la police. Le
procès s'ouvre le 28 avril 1922. Mécislas, qui n'est
pourtant pas l'auteur du coup de feu mortel, justifie devant la cour
son illégalisme anarchiste et la défie de prendre sa
tête. Ce qu'elle fait en envoyant à la guillotine un
simple voleur idéaliste.
A quatre heure du matin, il marche vers la mort en chantant
"l'Internationale", "L'hymne au 17e" et "La Carmagnole".
"Je ne puis me
défendre de la sympathie que j'éprouve pour vos
conceptions ; j'en reconnais toute la valeur, mais que voulez-vous,
j'ai trop souffert pour ne pas vouloir me venger, et j'ai
été trop écoeuré par les
inégalités sociales pour vous suivre dans l'âpre
voie du travail (...)"
Dans "Le Libertaire" du 26 mai 1922.
L'attentat contre le Shah par François Salsou
(tirée du "Petit journal" supplément illustré du 19 août
1900)
Le 2 août 1900,
avenue Malakoff à Paris, l'anarchiste
François Salsou tente sans
succès de tuer le Shah de Perse, Mouzaffer-ed-Dine, en visite
officielle en France. Après être parvenu à sauter
sur le marchepied du landau officiel, il brandit un revolver qu'il
braque sur la poitrine du Shah, mais il n'arrivera pas à faire
feu, son arme étant défectueuse. Désarmé et arrêté il échappe
au lynchage de la foule.
En-tête de ce numéro 5 (doc Cira Lausanne)
En août 1929, à Bruxelles (Belgique), sortie du numéro cinq du journal en langue italienne "Bandiera Nera" (Drapeau Noir). Mensuel anarchiste révolutionnaire réalisé par des compagnons italiens en exil en Belgique. A noter que l'adresse est celle d'Hem Day.
Couverture du premier numéro d'août 2017
En août 2017, à Paris, sortie du premier numéro du Journal féministe & libertaire à prix libre "Casse-Rôles" publié d'abord par "Les Amis de Pierre Besnard" dont Helène Hernandez, puis par l'association "Les amies et amis de Casse-rôles" chez Annie Nicolaï à Limoges.
Voir le site de cette revue trimestrielle de qualité où tous les numéros sont disponibles en ligne : sur http://casse-roles.revolublog.com/