Rafael Barrett : Anthologie des articles de la revue "Germinal"
Ephéméride
anarchiste
7 janvier
Rafael Barrett
Le 7 janvier 1876,
naissance de Rafael BARRETT Y ÁLVAREZ DE TOLEDO, à
Torrelavega (Santander).
Ingénieur, journaliste, écrivain et penseur
anarchiste.
Fils d'une aristocrate espagnole et d'un Anglais, il fait des
études d'ingénieur à Madrid, et fréquente
les salons littéraires de la haute société. Mais
en 1903, à la suite d'une altercation avec un membre influent
de la noblesse, il quitte le pays pour l'Argentine. A Buenos Aires,
il travaille alors comme journaliste. En 1904, ses articles critiques
et ses positions républicaines lui attirant des ennuis, il
part pour le Paraguay et se fixe à Asunción où
il oeuvre comme ingénieur dans les chemins de fer et poursuit
sa collaboration à divers périodiques. En 1907, il
travaille comme géomètre; sensibilisé par
l'exploitation de la classe ouvrière, il commence à
donner des conférences populaires pour les organisations
syndicales ouvrières et anarchistes et dénonce en
particulier les conditions d'esclavage qui règnent dans
l'industrie du maté. Lors du meeting du Premier Mai, il
échappe à une tentative d'assassinat. En 1908,
année où il commence à se définir comme
anarchiste, il lance le 2 août, avec Bertollo, la revue
"Germinal". Onze numéros paraîtront avant l'interdiction
du journal et l'arrestation de Barrett (le 3 octobre), pour avoir
dénoncé dans leurs colonnes les abus et les tortures du
pouvoir. Libéré après l'intervention du consul
anglais, il est expulsé du pays vers le Brésil,
d'où il se rendra en Uruguay. Il va alors vivre un temps
à Montevideo puis ensuite à Corrientes (Argentine).
Mais il commence alors de souffrir de la tuberculose. En 1909, il
rentre clandestinement au Paraguay mais poursuit sa collaboration
à la presse uruguayenne et arrivera à faire publier son
livre "Morlidades Actuales" à Montevideo, celui-ci aura un
grand succès. Le 1er septembre 1910, il part pour la France
dans le but de se faire soigner. Après une escale à
Barcelone, il arrive à Paris, puis Arcachon, lieu où il
doit suivre un traitement, mais il y meurt un mois plus tard le 17
décembre 1910. Sa féconde production littéraire
sera en fait publiée après sa mort, et exclusivement en
Amérique latine.
"Les ignorants se figurent que l'anarchie
c'est le désordre et que sans gouvernement la
société sombre toujours dans le chaos. Ils ne
conçoivent d'autres ordres que l'ordre extérieurement
imposé par la terreur des armes".
In l'article "Mi anarquismo" publié dans le
journal "La Rebelión" à Asunción le 15 mars
1909.
Henri Chassin
Le 7 janvier 1887, naissance d'Henri CHASSIN à Belleville (Paris).
Poète, chansonnier anarchiste et antimilitariste.
Cet antimilitariste qui se présentait comme le petit-fils d'un Communard, savait de quoi il parlait. Après sept années passées sous l'uniforme militaire chez les "Zouaves", il est envoyé au front en 1914. Refusant de tuer, il déserte, mais est repris et envoyé pour cinq ans dans les bataillons disciplinaires d'Afrique à Sidi-Bel-Abbès. Il s'en évade à trois reprises, sans succès, il sera même un temps interné en hôpital psychiatrique. Il est finalement libéré après la fin de la guerre et rentre comme cheminot à la Compagnie des Chemins du fer du Nord. En 1920, il prend une part active à la grande grève du Chemin de fer, mais cela lui vaudra d'être condamné puis révoqué.
Il reprend alors des études et obtient une licence de droit, qui lui permettra de retrouver en 1923 un emploi au service du contentieux chez Dunlop. Emploi qu'il conservera jusqu'à sa retraite en 1952. Mais Henri Chassin menait en parallèle une carrière de chansonnier, il était auteur de poésies et de chansons engagées qu'il chantait dans les cabarets montmartrois, il interprétait aussi les textes de Gaston Couté et d'Aristide Bruant. Il rejoindra le groupe de "La Vache Enragée" et prendra part aux activités de "La Muse Rouge".
En 1927, il publiera un recueil de ses poésies "Machin de Belleville" et en 1933 il sera initié à la franc-maçonnerie.
Il est mort en 1964.
En-tête du journal "La Vache enragée" du 15 février 1921
"Organe officiel de la commune libre de Montmartre
Humoristique-Satirique-Artistique-Littéraire"
D'abord publié en 1896-1897 par Adolphe Willette, ce titre repris par Maurice Halle à partir du 8 mai 1917 réunira de nombreux artistes libertaires et apportera en particulier son soutien au groupe "Les Compagnons" fondé par Germain Delatousche. Ce journal quinzomadaire cessera de paraître en 1933.
Ludovic Massé
Le 7 janvier 1900, naissance
de Ludovic MASSE, dans le Roussillon.
Ecrivain prolétarien et libertaire.
Il débute comme instituteur. Il se lie d'amitié avec
Henry Poulaille, à qui il
envoie ses premiers textes. En 1940, ses idées pacifistes et
libertaires lui valent quelques ennuis. Il cesse d'enseigner pour se
consacrer à l'écriture de romans: "Le Refus", belle
apologie du pacifisme (1946), "Le vin pur" (sur les révoltes
vigneronnes) (1945), ainsi que de nombreux autres romans."Le mas des
Oubells"(1932), "Les trabucayres" (1955), "La terre du liège"
(1953" etc.
Il meurt à Perpignan le 24 août 1982.
Georgette Ryner
Le 7 janvier 1895, naissance
de Georgette RYNER à Nogent-le-Rotrou.
Militante et écrivaine libertaire.
Fille du penseur anarchiste Han Ryner
et compagne de l'individualiste anarchiste
Louis Simon, elle collaborera
à de nombreux journaux libertaires
:"Le Semeur" de Barbé,
"l'en dehors"
d'E.Armand,
"Ce qu'il faut dire" de
Louis Louvet, ou encore
"Liberté" de Lecoin, sans
oublier les "Cahiers des Amis d'Han
Ryner". Elle s'intéressera aussi à la
pédagogie et aux enfants à qui elle ira porter secours
en Algérie, en 1966 sous l'égide de "Terre des
Hommes".
Elle est l'auteur de quelques livres et poèmes. "Dans la ronde
éternelle" (1926), "Adolescente passionnée" (1969)
etc.
Elle meurt au printemps 1975.
Le 7 janvier 1920, naissance
d'Albert MELTZER
Le 7 janvier 1951, naissance de Horst STOWASSER
En-tête du dernier numéro, daté du 21 janvier 1893
Le 7 janvier 1893, à Sabadell (Catalogne), sortie du premier numéro du périodique anarchiste" El Eco de Ravachol" qui rend avec ce titre hommage au célèbre dynamiteur français. Le journal s'appelait en fait précédement "Ravachol" le premier numéro était paru le 22 octobre 1892 (et il n'avait eu que deux numéros).
Seulement trois numéros sortiront cette fois durant le mois de janvier 1893.
En-tête du premier numéro (doc. Mundaneum, Mons, Belgique)
Le 7 janvier 1893, à Saint-Josse-Ten-Noode (Belgique), sortie du premier numéro du journal "La Débâcle" Organe révolutionnaire (bimensuel). Onze numéros sortiront, le dernier en date du 23 juillet au 6 août 1893.
En-tête du "Réveil" du 15 janvier 1912
Le 7 janvier 1912, en
Bulgarie, sortie de l'hebdomadaire "Réveil" sous-titré "Journal social anarchiste".
Il sera publié par Michel
Guerdjikov jusqu'au 5 septembre 1912. Le titre
réapparaît durant les annnées 1919-1920, en tant
qu'organe de la "Fédération
Anarchiste Communiste de Bulgarie"(F.A.C.B).
Georges Getchev remplacera ensuite
Guerdjikov à la direction du journal.
Buenos Aires, enfants construisant une barricade à l'angle des rues Balcance et San Juan, le 9 janvier 1919
Photo tirée du "Mundo Argentino" du 15 janvier 1919
Le 7 janvier 1919, Buenos
Aires. Début de la "Semaine
tragique". Alors que des ouvriers manifestent pour la
journée de 8 heures, la police tire dans la foule faisant 4
morts et une trentaine de blessés. S'en suit une grève
générale. De nouveaux accrochages avec la police, le
jour des obsèques, feront plus de cinquante morts. Les
ouvriers se réfugient dans l'usine Vasena qui est prise
d'assaut par 30 000 fantassins qui les en chassent. Les anarchistes
sont attaqués par les syndicats réformistes ainsi que
par les groupes para-militaires "Les défenseurs de l'Ordre",
avec l'aide de la police. Les sièges syndicaux, imprimeries,
bibliothèques sont fermés.
(voir également au 16
janvier)
Le 7 janvier 1933, à Barcelone, évasion de la prison "Modelo" de plusieurs militants anarcho-syndicalistes de la CNT grâce à un tunnel creusé depuis l'intérieur et communiquant avec les égouts. Le lendemain éclatait une grève insurrectionnelle dans toute l'Espagne.
En-tête du numéro 495 du 25 juillet 1971
En-tête du numéro 989 du 17 mars 1982
Le 7 janvier 1961, à Toulouse (Haute-Garonne), sortie du premier numéro du journal "Espoir" CNT AIT. Hebdomadaire organe de la VIe Union Régionale de la C.N.T.F. (Confédération Nationale du Travail Française) Le directeur gérant est Antoine Turmo et la secrétaire de rédaction Federica Montseny.
Mille vingt cinq numéros sortiront jusqu'au 22 décembre 1982.
Dessin de Charb, paru dans le numéro spécial "Charlie blasphème" en mai 2006
Le 7 janvier 2015, rue Nicolas-Appert à Paris, la direction du journal satirique de tradition libertaire "Charlie Hebdo" est victime d'un attentat islamiste.
Vers 11 h 30, deux fanatiques lourdements armés s'introduisent dans les locaux de la rédaction du journal où sont réunis les journalistes et dessinateurs. Ils ouvrent le feu à la kalachnikov sur les gens qui étaient présents à la conférence de rédaction, tuent douze personnes et blessent grièvement quatre autres dont le dessinateur RISS (Laurent Sourisseau), les journalistes Philippe LANÇON et Fabrice NICOLINO, avant de prendre la fuite.
Sont retrouvés morts par l'urgentiste Patrick PELLOUX (collaborateur du journal) et les sauveteurs, les dessinateurs CHARB (Stéphane Charbonnier), CABU (Jean Cabut), Philippe HONORÉ, TIGNOUS (Bernard Verlhac), Georges WOLINSKI, l'alter économiste Bernard MARIS, la psychanalyste et chroniqueuse Elsa CAYAT, un invité de la rédaction Michel Renaud, le correcteur Mustapha Ourrad ainsi que deux policiers, Franck Brinsolaro chargé de la protection personnelle de Charb (depuis la fatwa qui le visait et l'attentat contre le journal en novembre 2011), et Ahmed Merabet tué dans la rue, ainsi qu'un agent de maintenance, Frédéric Boisseau.
Le lendemain, un complice des tueurs assassine une policière à Montrouge et, le 9 janvier, réalise une prise d'otages visant des juifs à l'interieur d'un supermarché Cacher, Porte de Vincennes à Paris, tuant quatre autres personnes, avant d'être abattu à son tour au moment même ou les deux tueurs traqués, puis retranchés dans une imprimerie en Seine-et-Marne, tombaient sous les balles des unités d'élite de la Police.
Après cet attentat terroriste, un des plus meurtriers en France, le Président de la République décide d'une journée de deuil national et la mise en berne des drapeaux durant trois jours.
Le soir même de l'attentat, des rassemblements spontanés se déroulent à Paris et dans diverses villes de France, puis à l'étranger où la solidarité se manifeste autour du mot d'ordre "Je suis Charlie". Dans les jours suivants (10 et 11 janvier) des marches citoyennes de solidarités avec toutes les victimes et pour la défense de la liberté d'expression se déroulent en France et dans de nombreux pays du monde. Elles rassemblent des foules énormes, créant un immense mouvement de sympathie, malheureusement ternies par la présence à Paris, autour du Président, de près d'une cinquantaine de Chef d'Etat et de dictateurs, venus défendre une liberté d'expression qu'ils répriment dans leur pays.
Les drapeaux tricolores, honneurs militaires, Marseillaises, ovations aux policiers et bénédictions en tout genres n'auraient pas manqué de faire rire aux éclats l'équipe du journal, ces antimilitaristes mécréants et bouffeurs de curés, si peu enclin aux convenances sociales et au consensus politique. Ce qui leur avait valu, dans le passé, de nombreux procès.
Le 14 janvier 2015,
le journal "Charlie Hebdo", réalisé par des survivants de la tuerie, reparait. Il est alors tiré à 1 puis 5 millions d'exemplaires. Avec en Une, pour ne rien céder dans sa satire des religions, un dessin du prophète tenant une pancarte "Je suis Charlie", oeuvre de LUZ (Renald Luzier).
Précisions : Si l'actuel "Charlie Hebdo" a pu être qualifé de journal anarchisant à sa renaissance en juillet 1992, il s'en est ensuite éloigné pour devenir un journal républicain. C'est Cabu lui-même (qui a collaboré bien souvent avec la presse anarchiste), qui le dit. Quant à Charb, directeur de la publication, il décrit la ligne politique du journal (en 2010) comme une réunion de "toutes les composantes de la gauche plurielle, et même des abstentionnistes".
Citation de Cabu (empruntée au "Canard enchaîné") : "... Ni les religions et leurs intégristes, ni les idéologies et leurs militants, ni les bien-pensants et leurs préjugés ne doivent pouvoir entraver le droit à la caricature, fût-elle excessive."
Une du numéro du 14 janvier 2015